2019
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Les ateliers de l'éthique ; vol. 14 no. 1 (2019)
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Simon-Pierre Chevarie-Cossette, « CONNAISSANCE MORALE ET DOGMATISME », Les Ateliers de l'éthique / The Ethics Forum, ID : 10.7202/1069951ar
Le réalisme moral, dans son acception classique, affirme qu’il existe des vérités morales objectives et nécessaires qu’il nous est parfois donné de découvrir. Appelé à motiver cette position forte, le réaliste se contente d’ordinaire de réfuter les accusations sceptiques. Au mieux, il invoque des faits moraux de premier ordre (éthique) pour justifier sa doctrine de second ordre (métaéthique). En un mot, si l’on croit au réalisme, ce serait ou bien sans argument ou bien en vertu d’un argument circulaire. Dans les deux cas, le réalisme semble reposer sur une forme de dogmatisme. Le réalisme est aussi accusé, souvent implicitement, de cautionner le dogmatisme en éthique. Après tout, selon le réalisme, la morale n’est pas une question d’opinion ou de consensus, mais de vérité et de découverte. Néanmoins, cette double accusation est erronée. D’une part, le réalisme ne repose pas forcément sur le dogmatisme puisqu’il est possible d’être réaliste sans être dogmatique. D’autre part, le réalisme ne cautionne pas le dogmatisme en éthique. Pour avancer ces deux thèses, j’offre une définition du dogmatisme en quatre volets et je montre que le réalisme peut tous les éviter. Cette réflexion suggère que la pratique de l’éthique et celle de la métaéthique doivent être reliées.