« Deux moi dissociées » : la folie comme espace de négociation dans Pagli d’Ananda Devi

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2020

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Études littéraires africaines ; no. 49 (2020)

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Alexandra Stewart, « « Deux moi dissociées » : la folie comme espace de négociation dans Pagli d’Ananda Devi », Études littéraires africaines, ID : 10.7202/1073870ar


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Dans Pagli, la folie peut être lue comme la marque ultime de la transgression féminine. Daya, personnage principal du roman, est une femme hindoue mariée de la société mauricienne ; en refusant d’obéir à ses multiples obligations, elle est dès lors identifiée comme pagli (« folle » en hindi). Or, pour Daya, son incarcération dans un poulailler mène contradictoirement à une libération de l’esprit. Elle revendique le nom Pagli, qui est pour elle un signe de sa capacité d’échapper à son destin de femme. Par son exclusion de la société hindoue mauricienne, Daya se débarrasse de ses limites et devient capable d’appréhender son entourage et d’agir sur lui. Cet article analyse les motifs grotesques du redoublement, de l’hybridité et de la métamorphose en lisant la double-identité de Daya comme une représentation de l’identité multiple de Maurice, et sa folie comme une indication que la société qui l’entoure, société qui cherche à catégoriser, à diviser et à séparer ses cultures variées, s’est déréglée et ne fonctionne pas. Notre hypothèse est que la folie de Daya est une sorte de tiers-espace neutre où une négociation entre les différentes cultures qui jouent un rôle dans la société mauricienne serait possible.

In Pagli, madness can be read as the ultimate mark of female transgression. The main character, Daya, defies her obligations as a married Hindu woman existing within the striated society of Mauritius on several levels. Consequently, she is labelled Pagli (« the mad woman » in Hindi). Conversely, Daya’s imprisonment in a chicken enclosure by her husband’s family leads to a form of liberation. She reclaims the appellation Pagli because it a sign of her ability to escape her destiny as a woman. Because of her exclusion from the Mauritian Hindu society in which she exists, Daya becomes free of its limits and boundaries. She is thus able to comment on and to act upon it. This article analyses the three elements which constitute the triad of grotesque motifs, that is doubling, hybridity and metamorphosis by reading Daya’s doubled identity as a representation of the fractured, multiple identity of Mauritius. Her insanity is understood as a criticism of the Mauritian society, which, in seeking to divide its various cultures and peoples, has itself become deranged, and has ceased to function effectively. It is proposed that Daya’s madness is a kind of neutral third space (Homi K. Bhabha) in which a negotiation between the different cultures of Mauritius might be possible.

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