1999
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Ethnologies ; vol. 21 no. 1 (1999)
Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 1999
Anne-Marie Desdouits, « Quand de « maudit » le carillonneur devient « bénit » : La réécriture du populaire par le savant », Ethnologies, ID : 10.7202/1087767ar
Cette note de recherche s’inscrit dans le cadre d’une étude qui vise à éclairer un processus de formation de la culture populaire québécoise en interrogeant un corpus de chansons interprétées dans des noces, entre 1920 et 1960, dans l’est du Québec. Après avoir fait un bref rappel des premiers résultats de cette recherche, ce texte présente les premières réflexions sur le rôle qu’a tenté de jouer le clergé dans la « gestion du social », voire qu’il a cherché à imposer un modèle culturel par le biais de la chanson, plus spécifiquement celles qu’on trouve dans l’ensemble des dix volumes de La Bonne chanson, publiés de 1938 à 1951. Une première analyse comparative du contenu de cinq chansons « traditionnelles » proposées par La Bonne chanson et de celui de versions orales interprétées au Québec appelle deux remarques importantes : 1) quel que soit le thème, le texte de la version présentée dans La Bonne chanson propose une description tout à fait idéalisée du sujet traité, une présentation positive de la société canadienne ; 2) les versions orales ont été réécrites, à des fins idéologiques, en une version unique et figée par l’écrit : on assiste à une « manipulation » du populaire par les élites cléricales, comme si elles avaient cherché à étouffer, pour mieux la diriger, la culture populaire représentée ici par la chanson de tradition orale.