2021
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Santé mentale au Québec ; vol. 46 no. 2 (2021)
© Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, 2022
Ahmed Jérôme Romain et al., « Mens sana in corpore sano : l’intérêt de l’activité physique auprès des jeunes ayant eu un premier épisode psychotique », Santé mentale au Québec, ID : 10.7202/1088185ar
Objectifs Au cours des dernières années, les enjeux reliés à la santé physique ont pris une place importante dans le suivi des jeunes ayant vécu un premier épisode psychotique (PEP). En effet, comparativement à la population générale, les personnes avec un diagnostic de trouble psychotique ont une espérance de vie diminuée de 15 ans, les problèmes de santé physique expliquant 60 à 70 % de cette diminution. Ainsi, l’activité physique est considérée comme une nouvelle stratégie dans le processus de rétablissement des jeunes. L’objectif du présent article est de couvrir les différents enjeux de santé physique des PEP et les impacts de l’activité physique.Méthodes Revue narrative traitant des enjeux de santé physique, du rôle des antipsychotiques, de la nécessité de surveillance des paramètres métaboliques ainsi que de l’amélioration des habitudes de vie (p. ex. tabagisme, sédentarité, inactivité physique, mauvaise alimentation) des jeunes PEP. L’impact de l’activité physique sur la santé physique et mentale et la cessation tabagique ainsi que l’intérêt de la thérapie d’aventure dans le processus de réadaptation seront abordés. Enfin, nous proposerons des stratégies motivationnelles et des outils, visant à promouvoir l’activité physique. Dans les différentes sections, nous étayerons nos arguments avec les plus hauts niveaux de preuve disponibles (p. ex. méta-analyses, revues systématiques, essais randomisés contrôlés, études de cohorte, N sur 1) et mettrons en exergue des implications pour la pratique clinique. Pour les sujets pour lesquels les données portant sur les PEP sont rares ou inexistantes, nous référerons à la littérature portant sur des stades plus tardifs de la maladie.Résultats Les problèmes de santé métabolique peuvent être présents avant même le début du traitement par antipsychotiques et progressent rapidement par la suite. Les différentes habitudes de vie, souvent inadéquates, contribuent au développement de ces problèmes. Dans un contexte d’intervention précoce, plusieurs types d’activité physique ont montré des bénéfices sur la santé physique, les symptômes psychotiques, le fonctionnement et plus globalement dans le processus de rétablissement. Néanmoins, sa pratique spontanée et régulière demeure limitée, principalement en raison de problèmes de motivation. Les approches d’activité physique doivent être adaptées à la population et plusieurs facteurs considérés, tels que le type d’activité physique, son contexte, l’intensité, la fréquence, les paramètres motivationnels ou encore le soutien/supervision de la part des professionnels de santé.Conclusion Au plan physique tout comme au plan psychiatrique, les années suivant le début du traitement pour un PEP constituent une période critique et l’activité physique est une intervention qui gagne à être intégrée dans l’éventail des services offerts dans les cliniques PEP, vu les impacts positifs sur différentes dimensions du rétablissement.