La notion de sexage et les enjeux féministes contemporains

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2020

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Cahiers de recherche sociologique ; no. 69 (2020)

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Diane Lamoureux, « La notion de sexage et les enjeux féministes contemporains », Cahiers de recherche sociologique, ID : 10.7202/1091913ar


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Un des apports théoriques majeurs de Colette Guillaumin a été la notion de sexage. Je me propose de l’analyser sous trois angles : en amont, en tenant compte de ses travaux antérieurs sur le racisme ; en soi, ce en quoi elle consiste et ce qu’elle permet de penser ; en aval, par rapport à son utilité en regard des enjeux contemporains auxquels sont confrontés les féminismes. En amont, je me propose de voir les articulations de la notion de sexage avec les analyses du racisme, plus particulièrement en ce qui concerne les processus de naturalisation de groupes sociaux avec ce que cela entraîne du point de vue de l’altérisation (idée de différence irréductible) et de hiérarchisation. Le rapport de sexage cherche à décrire le rapport social qui se noue entre les sexes et repose sur l’appropriation collective des femmes, une appropriation qui se redouble de façon individuelle dans le dispositif de l’hétérosexualité. Mais la double dimension individuelle et collective du sexage fait en sorte qu’il s’agit également d’un marquage des corps dont les mécanismes concrets fluctuent au rythme des luttes sociales. Le travail de Guillaumin repose essentiellement sur une homologie entre sexisme et racisme. Peut-on lui opposer la remarque sarcastique que « toutes les femmes sont blanches et que tous les Noirs sont des hommes » ? Pas nécessairement. Il me semble que l’analyse matérialiste des rapports sociaux à laquelle elle nous incite peut très bien se jumeler aux théories contemporaines de la localisation sociale, celles qui ne raisonnent pas en termes d’identité ou de différence, mais plutôt celles qui insistent sur l’agentivité des sujets sociaux pour transformer les rapports sociaux dans lesquels elles et ils sont insérées.

One of Colette Guillaumin’s major theoretical contributions was the notion of sexage. I propose to analyze it from three angles : upstream, taking into account her previous work on racism ; in itself, what it consists of and what it allows us to think ; downstream, regarding its usefulness as it relates to the contemporary issues facing feminisms. Upstream, I propose articulating the notion of sexage with analyses of racism, more particularly focusing on the consequences of the processes of naturalization of social groups from the point of view of othering (idea of difference) and hierarchization. The sexage relationship seeks to describe the social relationship established between the sexes and is based on the collective appropriation of women as well as their individual appropriation, thus a double appropriation that operates within the apparatus of heterosexuality. But the double individual and collective dimension of sexage implies the marking of bodies, the concrete mechanisms of which fluctuate with the rhythm of social struggles. Guillaumin’s work is essentially based on the homology between sexism and racism. Can this homology be countered with the sarcastic remark that “all the women are white and all the blacks are men” ? Not necessarily. It seems to me that the materialist analysis of social relations, flowing from her work, works well with contemporary theories of social localization, theories that do not reason in terms of identity or difference, but rather insist on the agency of social subjects to transform the web of social relations within which they are embedded.

Uno de los mayores aportes teóricos de Colette Guillaumin fue la noción de sexuado. Me propongo analizarla desde tres perspectivas : de manera anticipada, teniendo en cuenta sus trabajos anteriores sobre el racismo ; posteriormente, en que consiste el término y en que nos permite pensar ; finalmente, en relación con su utilidad contemplando los desafíos contemporáneos a los que se han enfrentado las feministas. Previamente, me propongo ver las articulaciones entre de la noción de sexuado a través de los análisis de racismo, particularmente aquellos procesos de naturalización de los grupos sociales y todo aquello que está relacionado con la alterización (diferencia irreductible) y la jerarquización. La relación de sexuado busca describir el vínculo social que se enlaza entre los sexos y reposa sobre la apropiación colectiva de las mujeres, una apropiación que se refuerza de manera individual dentro del dispositivo de la heterosexualidad. Pero la doble dimensión individual y colectiva de lo sexuado se establece de manera tal que también se trata de una marca en los cuerpos, donde mecanismos determinados fluctúan al ritmo de las luchas sociales. El trabajo de Guillaumin descansa esencialmente sobre una homología entre sexismo y racismo. Podemos confrontarlo con el comentario sarcástico según el cual « todas las mujeres son blancas y todos los negros son hombres ». Me parece que el análisis materialista de las relaciones sociales al que ella nos incita, puede ser conectado perfectamente con las teorías contemporáneas de la localización social, aquellas que no solo se deducen en términos de identidad o diferencia, sino también sobre aquellas que insisten en la agencia de los sujetos sociales en pos de transformar las relaciones sociales en las que ellas y ellos se encuentran inscriptos.

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