1996
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Voix et Images ; vol. 21 no. 3 (1996)
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Estelle Dansereau, « Lieu de plaisir, lieu de pouvoir : le bavardage comme contre-discours dans le roman féministe québécois », Voix et Images, ID : 10.7202/201257ar
Depuis toujours, le parler des femmes s'est vu décrire en termes de bavardage et de commérage, échanges verbaux insensés. Ce côté futile du bavardage soulignait, pour une conscience féministe, l'impuissance de la femme à diriger son propre destin. En théorisant ces formes dévaluées du parler-femme sous le signe du bavardage, Suzanne Lamy et Luce Irigaray les réinscrivent par contre dans un discours transgressif celui qui s'entend dans quelques romans québécois s'attaquant aux structures linguistico-politiques de la société, tels Les Nuits de l'Underground, de Marie-Claire Biais, Le Pique-nique sur l'Acropole, de Louky Bersianik, ou Nous parlerons comme on écrit, de France Théoret. En outre, Nous avons tous découvert l'Amérique, de Francine Noël, publié dix ans après le roman de Théoret, nous montre que le bavardage est un instrument indispensable pour toute société pluraliste dans laquelle la femme veut devenir un sujet à part entière. Dans ces romans, le bavardage est une pratique verbale de choix puisqu'il fait entendre toutes les voix de femmes que l'histoire a toujours marginalisées, ou tues.