1995
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Études littéraires ; vol. 28 no. 1 (1995)
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Paul Perron, « Relire le Fou d’Elsa de Louis Aragon », Études littéraires, ID : 10.7202/501111ar
Dans ce travail nous explorons l'articulation, le déploiement, le timbre, le grain, ou encore la polyphonie des voix multiples qui ponctuent et orchestrent ce long et complexe poème de plus de quatre cent cinquante pages, couvrant plus de cinq siècles d'histoire et traitant de diverses cultures d'origine européenne et arabe inextricablement imbriquées. Bien que le concept de polyphonie doive beaucoup à Bakhtine qui s'en est surtout servi dans ses analyses du roman, nous l'infléchissons afin de tenir compte du jeu du tourniquet de voix qui se font écho lors du dévidage de la narration de ce poème. Aucune réponse monologique n'arrive à résoudre la tension ou la dissonance de l'univers figurativisé de ce texte. Forme-sens, dans le Fou d'Elsa , la polyphonie n'est pas le simple relais d'une profusion de points de vue, mais participe plutôt à la fois à l'historicité individuelle et collective, ancienne et moderne, imaginaire et symbolique, et produit, dans sa spécificité, les sens et les formes d'une culture donnée, son livre ouvert.