1987
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L'Actualité économique ; vol. 63 no. 2-3 (1987)
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Jacques H. Drèze, « Espérance morale avec risque moral », L'Actualité économique, ID : 10.7202/601409ar
Le terme « risque moral » est utilisé ici pour désigner les situations où un décideur unique choisit simultanément un « acte » (au sens de la théorie des jeux contre la nature, telle que développée notamment par L.J. Savage) et une « stratégie », non observable, susceptible d’influencer le cours des événements. Dans les nombreuses applications de la théorie de la décision à des situations de risque moral, on suppose que, pour chaque acte, le décideur choisit, dans un ensemble donné, la stratégie qui maximise l’espérance d’utilité. Les choix entre les actes reflètent alors les espérances d’utilité associées à ces stratégies optimales. On obtient ici une justification axiomatique de cette représentation, en affaiblissant l’axiome appelé « Inversion d’ordre » par Anscombe et Aumann. Aux termes de cet axiome, quand une épreuve aléatoire décide de l’acte qui prévaudra, il doit être indifférent pour le décideur que l’épreuve aléatoire soit conduite avant ou après que l’on observe l’état du monde. L’affaiblissement consiste à stipuler au contraire que le décideur ne préfère jamais strictement que l’épreuve aléatoire soit conduite après observation de l’état du monde plutôt qu’avant (i.e. la valeur de l’information est non négative). Conjointement avec les autres axiomes habituels, cet affaiblissement conduit à un théorème d’espérance morale généralisé : il existe un ensemble (convexe fermé) de probabilités P sur les états du monde, et une utilité sur les conséquences, tels que les préférences entre les actes reflètent les maxima par rapport à P des espérances d’utilité.