2013
Cairn
Françoise Weil, « L'anonymat du libraire-éditeur à la fin du XVIIIe siècle », Littératures classiques, ID : 10670/1.04k0bv
Au début du XVIIIe siècle il paraissait en France des ouvrages avec privilège et des ouvrages sans privilège ; le recours aux permissions tacites contribua à la confusion : quels livres appartenaient au domaine légal, quels livres au domaine illégal ? Lesquels étaient autorisés, lesquels tolérés, lesquels interdits ? J’entends par adresses anonymes les adresses qui n’en sont pas : une adresse pour être complète doit préciser à la fois la ville, le libraire et la date ; or certains noms sont imaginaires (Eleutheropolis pour la ville, Le Sincere pour le libraire) ; certaines villes existent mais ne sont pas les véritables lieux d’édition (Amsterdam, Cologne, Constantinople). Seule la bibliographie matérielle permet aujourd’hui aux chercheurs d’essayer d’identifier le lieu d’impression et le nom de l’imprimeur. On se demandera surtout la raison de la tromperie : livre qui n’aurait pu avoir la permission de paraître ou reproduction illégale par un libraire provincial ou étranger d’un livre dont un libraire parisien a acquis le privilège, donc l’exclusivité. La monarchie française de la fin de l’Ancien Régime a tenté de lutter à la fois contre les « mauvais livres » et contre les contrefaçons.