« Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d’identification des rapatriés d’Algérie par l’État et ses effets sur la recherche en sciences sociales

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2023

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Marie-Paule Couto, « « Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d’identification des rapatriés d’Algérie par l’État et ses effets sur la recherche en sciences sociales », Sociologie, ID : 10670/1.08h63u


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Il est commun de désigner sous l’expression « pieds-noirs » les Européens d’Algérie arrivés en métropole principalement pendant l’été 1962. Ces derniers sont susceptibles de porter, s’ils en ont fait la demande, le statut de « rapatriés ». À la sortie de la guerre d’Algérie, il fallait disposer de la citoyenneté française pour obtenir ce statut et bénéficier du secours de l’État. Les autorités ont donc procédé à l’identification, parmi les migrants originaires d’Algérie, des ressortissants français afin de soutenir leur installation en métropole. Cet article vise à dénaturaliser les labellisations institutionnelles de « citoyens » et de « rapatriés » en analysant la manière dont elles ont été construites par les pouvoirs publics, reçues par les administrés, mais aussi utilisées par les chercheurs en sciences sociales. Migrants mais citoyens, les rapatriés ne semblent pas représenter un objet d’étude légitime pour les sociologues de l’immigration, d’autant que les catégories de la statistique publique contribuent à les invisibiliser. En revenant sur la construction et les effets performatifs de leur identité de papier à partir de textes légaux, d’entretiens et d’archives de la statistique publique, ce travail entend interroger certaines prénotions concernant les Européens d’Algérie en France et souligne l’intérêt à mieux considérer le devenir de cette population.

Pieds-noirs is the common category used for Europeans who arrived in metropolitan France from Algeria during the summer of 1962. Upon request, such individuals could apply for status as rapatriés once in France . However, such a status was reserved to those with French nationality although it constituted a condition for access to state aid. The authorities henceforth proceeded to try to identify French nationals amongst migrants from Algeria, in order to support their settlement in metropolitan France. This article attempts to denaturalize the institutional labels of citoyen and rapatrié through analyzing the ways in which they were constructed by public authorities, received by people, and used by social scientists. At once migrants and citizens, the rapatriés have never been considered as a legitimate object of study by the sociology of immigration and they were made invisible by the categories employed in official statistics. This article therefore examines the construction and the performative effects of this “paper identity”, based on legal texts, interviews, and archives of official statistics. It further interrogates some prenotions about Europeans from Algeria in France.

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