2023
Cairn
Claire Gantet et al., « Les images des batailles de la guerre de Trente Ans (1618-1648) : témoignages, preuves, mémoires », Dix-septième siècle, ID : 10670/1.08uig4
La guerre de Trente Ans (1618-1648) fut plus souvent ponctuée de batailles que les historiens ne l’ont longtemps présumé. On dénombre en effet 48 batailles moyennes et grandes par les effectifs engagés, de 7 000 à 89 000 soldats. Or, loin de couler de source, la mémoire des batailles a été sélective et intermittente. Pourquoi certaines batailles ont-elles été commémorées et d’autres oubliées ? Pourquoi certains événements militaires ont-ils été l’objet de pratiques mémorielles en tant que batailles ? Quels rôles l’image de bataille a-t‑elle joué ?Cet article éclaire ces questions au moyen de trois exemples : la bataille de la Montagne Blanche (1620) saturée de mémoires captées – par une historiographie tchèque nationaliste rétrospective mais aussi, dans l’immédiat, par Domingo Ruzola, un carme déchaux en quête de sainteté, et par une présentation erronée de la disposition des troupes confédérées –, la bataille de Tuttlingen (1643), un affrontement perçu comme important tout en tombant rapidement dans l’oubli chez tous les belligérants, enfin Alerheim (1645), qui a vu s’affronter des traditions conflictuelles.L’image est mobilisée comme un moyen de prouver la bataille, voire la victoire, tout en se prêtant à toutes sortes d’appropriations. La mémoire de la guerre de Trente Ans s’est développée dès les événements eux-mêmes et a d’emblée été polysémique, voire protéiforme et foncièrement conflictuelle. La guerre a été construite en images.