Guillaume Leturcq et al., « Perception et gestion de l'érosion et des ressources en eau par les agriculteurs et les éleveurs du bassin versant de l'Ibicuí (RS, Brésil) », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.09rjar
L'ouest du Rio Grande do Sul est dominé par la culture du soja, du riz et par l'élevage bovin. Dans la partie sableuse, le milieu est affecté par des phénomènes d'érosion produisant des modelés éoliens spectaculaires (arenização) rappelant dans l'imaginaire ceux des déserts. La production agricole est importante ce qui engendre des prélèvements d'eau pour l'irrigation du riz mais aussi l'utilisation de pesticides pour l'ensemble des cultures. La gestion durable des ressources en eau et en sol de cette région nécessite la mise en place d'action de conservation. Mais un certain nombre de questions se posent alors : comment les agriculteurs perçoivent ces phénomènes ? Constituent-ils pour eux des enjeux ? Comment raisonnent-ils leurs pratiques ? Avec quels réseaux ? Quelles sont les interactions avec les pouvoirs publics ? La méthodologie adoptée s'appuie sur des enquêtes ouvertes réalisées auprès de 23 agriculteurs. Il s'agit de mieux comprendre leur perception de l'environnement, leurs modes de gestion et d'identifier les variables sociales au sein de l'échantillon expliquant des différences de comportement. Les résultats que nous avons obtenus montrent que peu d'agriculteurs perçoivent leurs responsabilités quant à l'érosion des sols et à l'état des ressources en eau. Si des risques de manque d'eau sont perçus par certains, ils sont attribués essentiellement à la sécheresse et non à une surexploitation des ressources, la pollution est négligée. L'érosion des sols dans les zones d'arenização n'est pas considérée comme un enjeu, ces espaces sont improductifs mais ne menacent pas la rentabilité globale des exploitations. C'est plus l'érosion en nappe au sein des parcelles cultivées qui inquiète les agriculteurs et qui a conduit une grande partie d'entre eux à passer au semis direct. La connaissance des enjeux environnementaux locaux comme la réalisation de pratiques de conservation n'est pas transmise par les pouvoirs publics. Cette enquête nous montre enfin qu'une meilleure gestion des risques environnementaux passera par une bonne prise en compte de l'univers technique et culturel des agriculteurs comme de leurs contraintes économiques.