Une « forme » pour la sémiotique discursive : la théorie des instances énonçantes

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Pour « l’instance de réception » du sens que nous sommes, tout procès sémiosique, tout ensemble signifiant suppose une « instance énonçante » qui se trouve à son origine et qui « énonce », à travers ce qu’elle signifie, un rapport au monde, le sien ou celui d’autrui, vécu ou imaginé, tout en « s’énonçant » en même temps comme dotée de telle ou telle « identité ». Il s’agit non pas d’une identité socio-historique mais d’une « identité sémiotique » car elle fait sens pour nous, récepteurs et interprètes. Cependant, la saisie de cette identité varie d’un interprète à un autre : certains, tablant sur le « principe d’immanence » typique de toute pensée scientifique, ne tiennent compte que du logos et des « prédicats cognitifs » qui le manifestent ; d’autres, au contraire, peuvent en plus, en faisant le leur un « principe de réalité », mettre en avant les « prédicats somatiques » et la phusis qu’ils traduisent. Ce sont ces différents types de réception et d’interprétation du « discours », effectuation du langage, modèle par excellence de toute signification, que la « théorie des instances énonçantes » (Coquet) essaie de penser, non pas dans le cadre commun hypothético-déductif et génératif, mais plutôt en tablant, à travers la mise au jour d’un certain nombre de régularités sémiotiques, sur un « parcours inductif » de nature interprétative conjuguant les manifestations discursives aussi bien du logos que de la phusis. Ce sont les articulations importantes de cette « forme » singulière donnée à la « sémiotique discursive » (Greimas) que nous allons tenter de cerner et d’expliciter ici.

For the “receiving instance” of meaning that we are, any semiotic process, any signifying ensemble presupposes an “enunciating instance” which is at its origin and which “states”, through what it signifies, a relationship to the world, one’s own or that of others, experienced or imagined, while at the same time “expressing” oneself as endowed with this or that “identity”. It is not a socio-historical identity but a “semiotic identity” because it makes sense for us, receivers and interpreters. However, the grasp of this identity varies from one interpreter to another: some, relying on the “principle of immanence” typical of the scientific thought, only take into account the logos and the “cognitive predicates” which manifest it; others, on the contrary, can also, by making theirs a “reality principle”, highlight the “somatic predicates” and the phusis that they translate. It is these different types of reception and interpretation of “discourse”, effectuation of language, the model of all meaning, that the “theory of enunciating instances” (Coquet) tries to think about, not in the common hypothetical framework. deductive and generative, but rather by relying, through the bringing to light of a certain number of semiotic regularties, on an “inductive process” of an interpretive nature combining the manifestations of both logos and phusis. These are the important articulations of this singular “form” given to “semiotics of discourse” (Greimas) that we will attempt to identify and explain here.

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