Rapport de fouille. Opération Abbeville - Moulin Quignon Avril 2017. Autorisation de fouille programmée DRAC Picardie : n°2017-01

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28 janvier 2019

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Pierre Antoine et al., « Rapport de fouille. Opération Abbeville - Moulin Quignon Avril 2017. Autorisation de fouille programmée DRAC Picardie : n°2017-01 », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.16xyiw


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Avec la découverte en 1863 d’une mandibule humaine associée à des outils en silex taillés par l’homme (« haches ») et des restes d’animaux disparus le site dit du Moulin Quignon sur la haute terrasse de la Somme à Abbeville fournit à J. Boucher de Perthes des arguments définitifs pour la démonstration de la Haute antiquité de l’Homme. La validité de cette découverte est cependant rapidement mise en doute par la communauté internationale qui suspecte une supercherie (introductions récente dans les dépôts par les ouvriers ?). Elle sera ensuite à l’origine d’une polémique majeure qui débouchera sur le discrédit et l’oubli définitif du site. Cette polémique a longtemps masqué l’importance de ce site qui renferme en effet l’industrie préhistorique à biface la plus ancienne de la vallée de la Somme et qui, n’ayant jamais fait l’objet de protection, a été recouvert définitivement par l’urbanisation dans les années 1960. Après un siècle et demi d’oubli le site a été redécouvert par notre équipe en novembre 2016 lors d’une campagne de sondages ponctuels dans le quartier de l’Espérance à Abbeville (voir rapport 2017). A la suite de cette découverte exceptionnelle et compte tenu du démarrage d’un chantier de réaménagement des espaces verts du quartier au printemps 2017, une opération de fouille a été programmée en mars 2017 avec l’aide du Ministère de la Culture (Autorisation n° 2017-01) et de la ville d’Abbeville (moyens de terrassement). Ces recherches, menées en équipe réduite (4-8 personnes / 15 jours en continu), se sont focalisées autour des deux sondages positifs de 2016 sur une surface de 48 m2 environ en fin de fouille (150 m2 en surface). Elles ont tout d’abord permis d’étudier en détail la stratigraphie des dépôts de la nappe alluviale préservés en place sous des épais remblais récents et qui se corrèle parfaitement avec celle décrite par Boucher de Perthes. Cette opération nous a permis d’effectuer des levés détaillés et de prélever des échantillons de sédiments sableux en vue d’une datation par la méthode ESR (laboratoire de datation du MNHN). Néanmoins, sur la base des corrélations stratigraphiques menées avec la séquence voisine de la Carrière Carpentier située sur le même palier crayeux et où les dépôts interglaciaires de la Marne blanche sont datés de 580±48 ka et du SIM 15, les graviers de Moulin Quignon et l’industrie lithique associées sont rapportables au stade froid précédent, soit le MIS 16 et datent donc d’environ 650 ka. Du point de vue archéologique cette fouille a fourni des résultats bien au dessus de nos espérances avec la découverte de plus de 400 artefacts lithiques dont cinq bifaces dans les graviers de la nappe alluviale. La fouille archéologique a été menée par unité stratigraphiques et les pièces archéologiques numérotées par couche sans relevé spatial. En effet si les pièces sont bien en place dans le dépôt du point de vue géologique elles ne sont pas archéologiquement en place en raison de la dynamique de dépôt des sédiments dans lesquels elles ont été préservées. D’une manière générale, le matériel lithique découverte vieillit de plus de 100 000 ans l’âge de la plus ancienne occupation du Nord de la France ainsi que celui des plus anciens bifaces en Europe du Nord-Ouest. Ces bifaces, qui ressemblent à ceux découverts par Boucher-de-Perthes sur ce site entre 1837 et 1868, sont aussi très proches de ceux découverts plus récemment dans les sites acheuléens de La Noira (vers 670 ka, Centre de la France) et de Notarchirico (670-614 ka, Sud de l’Italie). Finalement, la maîtrise de la technologie bifaciale observée à Moulin Quignon conforte l’hypothèse d’une introduction de cette technologie en provenance du Sud de l’Europe et d’une diffusion rapide vers le Nord puis vers l’Angleterre via notamment la vallée de la Somme.

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