"Voyage(s) virtuel(s). Le corps et lespace vidéoludique dans les jeux contemplatifs"

Résumé Fr

Le voyage du joueur (…) l’amène à parcourir un paysage poétique, un lieu beaucoup plus spirituel et réflexif que ceux que l’on peut rencontrer dans le monde réel. Le mécanisme principal du jeu se fonde sur le parcours et la réflexion. » C’est ainsi que le site internet du jeu The Night Journey (2007-2018) présente les caractéristiques de cette expérience vidéoludique, issue d’une longue collaboration entre l’artiste Bill Viola et le centre de recherches Game Innovation Lab de l’Université de Californie du Sud. Cette citation, bien que spécifique, pourrait néanmoins s’appliquer à différents jeux qui sont proposés au public depuis quelques années et qui sont qualifiés de « contemplatifs ». Ces oeuvres vidéoludiques – pour certaines, à mi-chemin entre jeu vidéo et art numérique – sont représentatives d’une véritable évolution des pratiques numériques, voire de l’apparition d’un nouveau type de joueur. En effet, depuis presque vingt ans, de nombreux studios considérés comme indépendants, à l’instar, par exemple, de thatgamecompany, développent des jeux vidéo aux concepts originaux qui proposent au joueur une activité essentiellement fondée sur l’errance et l’expérience de l’espace virtuel, une sorte de « tourisme virtuel ». En créant des paysages imaginaires différents, des distances et des proximités nouvelles, ces jeux consistent en une nouvelle expérience du monde sensible. Le joueur accède ainsi à un renouvellement de sa « proprioception », de ce que le physiologiste britannique Charles S. Sherrington a défini comme « le flux sensoriel continu, mais inconscient, qui traverse les parties mobiles de notre corps (muscles, tendons, jointures)».