Les milieux anarchistes face aux « crises » environnementale et migratoire en France.

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Date

2 novembre 2023

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Sciences Po




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Madeleine Sallustio et al., « Les milieux anarchistes face aux « crises » environnementale et migratoire en France. », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.1lefh2


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Résumé Fr

Cette présentation interroge la manière dont la notion de crise résonne dans certains milieux militants anarchistes et libertaires en France. Nous nous intéresserons à deux registres de crise spécifiques : la crise environnementale et la crise migratoire, autour desquelles s'articulent à la fois politiques publiques, alternatives dites « autonomes », et pratiques contestataires. En nous appuyant sur plusieurs années d’observation participante dans le sud-est du Massif central, dans la vallée de la Roya et les Hautes-Alpes, nous souhaitons documenter la manière dont les militant.es structurent leurs pratiques autour de l’idée de crise tout en la tenant à distance. La crise sera comprise ici non pas comme une catégorie descriptive objectiviste mais plutôt comme une référence sémantique située, produisant des affects et des pratiques. En effet, considérer la crise comme une « catégorie de l'expérience » (Roitman 2014), étudier le contenu des diagnostics de crise tels que formulés par les acteurs permet de documenter les dynamiques de pouvoirs en jeu (Masco 2017). Nous documenterons trois rapports à la crise caractéristiques des acteurs que nous avons rencontrés. Premièrement, les acteurs rencontrés critiquent la notion de « crise » telle qu’elle est mobilisée par les institutions publiques et, avec elle, les pratiques qui lui sont liées en tant qu’elle permet l’auto-reproduction d’un système autoritaire et capitaliste. Deuxièmement, ces acteurs portent sur leurs pratiques militantes des discours contradictoires, entre responsabilisation, espoir de changement et sentiment d’impuissance face à l’ampleur de l’urgence, à la fois environnementale et humanitaire. Troisièmement, nous interrogeons comment les conditions matérielles de la lutte peuvent elles-mêmes reproduire un sentiment de crise En effet, si la prépondérance du faire, la valorisation de l’action directe et de l’autonomie sont des critiques en actes de l’inaction de l’État, elles peuvent reproduire une temporalité « présentiste » (Hartog, 2015) qui atrophie la possibilité d’imaginer des futurs stables et désirables. En conclusion, la crise figurera ici comme un objet anthropologique complexe : à la fois cadre temporel, stratégie rhétorique, force mobilisatrice et démobilisatrice.

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