Vénus Khoury-Ghata “à la recherche de l’alphabet émietté” : geste anthologique et archéologie du texte

Résumé Fr

Cette communication s’intéresse au geste de relecture et de recomposition de l’œuvre poétique khoury-ghatienne, à partir d’une analyse précise de l’auto-anthologie publiée chez Actes Sud en 1997. L’écriture de Vénus Khoury-Ghata est travaillée par une quête de ce qui n’est plus (enfance, peuples disparus, défunts). La composition de l’anthologie, qui suit un ordre antéchronologique (les textes sont placés du plus récent au plus ancien), est hantée par la mort et par les vestiges de mondes dont il ne reste que quelques traces. En ce sens, nous reprenons la notion de « poétique du disparu » proposé par Pierre Brunel (V. Khoury-Ghata, Les Mots étaient des loups, 2016 : 23) en lui associant celle d’ « archéologie », qui permet de rendre compte à la fois de la structure anthologique choisie par l’autrice et du « récit » que celle-ci nous donne à la dire : l’exploration de la mémoire, collective et individuelle, se double d’une rêverie poétique sur l’origine des mots et des langues. L’étude s’articule autour de trois moments de réflexion : la définition et la composition de l’anthologie ; la « poétique du disparu » que manifeste le choix des textes ; et les effets de réécriture, permettant de faire émerger un sujet lyrique à la recherche d’une langue poétique et d’un « alphabet émietté » à déchiffrer dans les strates du paysage et de la mémoire.