2 juin 2023
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Gérard Toffin, « Culte des déesses et fête du Dasaī chez les Néwar (Népal) », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10670/1.26qlcu
Au cours de la grande fête d’automne du Dasaĩ, les Néwar de la vallée de Kathmandou vénèrent la Déesse sous cinq formes différentes : Durgā, Aṣṭa Mātṛkā, Nava Durgā, Taleju et Kumārī. Pendant les dix jours de la fête, hommes et femmes baignent ces divinités, leur offrent des sacrifices sanglants, et les prient de leur apporter bonheur et santé. Toutes ces déesses sont des divinités guerrières, liées de très près au pouvoir royal et de manière générale au Kṣatriya. Elles sont mobilisées par le souverain pour maintenir son autorité sur le royaume.Les déesses ont pour prêtres des Karmācārya, de statut Kṣatriya, spécialisés dans les rituels tantriques. Ce sont eux qui assurent le culte des divinités féminines au moment du Dasaĩ. Les Brahmanes n’interviennent pas ou très peu dans ce domaine. Les Karmācārya font également fonction de prêtres domestiques : ils célèbrent les principaux rites du cycle de la vie (saṃskāra) des familles de hautes castes, en collaboration et sous le contrôle des Brahmanes. Par rapport à l’Inde, il y a là un déplacement intéressant : le principe spirituel et le principe de l’imperium sont toujours relativement bien séparés, mais c’est au sein même des Kṣatriya que le clivage opère. En milieu néwar, la disjonction entre Brahmane et Kṣatriya, statut et pouvoir, n’est donc pas entièrement respectée.