15 novembre 2018
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Bernard Vouilloux, « « La littérature, elle aussi, en sait long là-dessus… » », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.2indvg
Le rapport que Marie Moscovici entretenait avec la littérature était vivant, gagé sur cette même activité de grande lectrice qui la portait vers les sciences humaines et sociales. Pour elle, la littérature, prise à son meilleur et forte de la sorte de savoir qui est attaché à la fiction, fait, elle aussi, du langage son affaire centrale : ainsi, face à l’injonction de « tout dire », comment « dire », si le langage « dit ce qu’il ne dit pas », pour reprendre une formule de Victor Hugo qu’elle rapporte ? La littérature n’était pas convoquée aux seules fins d’exemplifier une démonstration : elle accompagna véritablement sa pensée, depuis au moins les textes recueillis dans Il est arrivé quelque chose (1989), parmi lesquels figurent des contributions à la revue L’Écrit du temps (1982-1988), qu’elle co-anima avec Jean-Michel Rey, jusqu’aux deux séries de L’Inactuel (1994-1997 et 1998-2005), qu’elle co-dirigea avec Pierre Fédida et Patrick Lacoste. Plus encore que chez Freud, dans la continuité duquel s’inscrit son apport théorique, son rapport à la littérature repose sur la conviction que la littérature pense et qu’elle s’avère une auxiliaire précieuse pour la psychanalyse, permettant à celle-ci de penser l’effectivité du dire.