Dominique Casajus et al., « Charles de Foucauld homme de science », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.2m2u95
Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu’une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l’occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature hagiographique. Quelques procureurs leur ont fait face, et ni les uns ni les autres ne se sont beaucoup souciés des faits. L’ermite de Tamanrasset avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d’historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus humaine que l’icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l’hagiographie, plus complexe que la caricature griffonnée par les procureurs. De portées et d’inspirations très diverses, tous ces travaux s’accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l’admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu’il puisse susciter aujourd’hui, cet homme dont l’œuvre linguistique est utilisée aujourd’hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères.C’est à cet aspect de la vie de Foucauld que le présent ouvrage s’intéresse. les auteurs n’ignorent pas les ambiguïtés du personnage ni son adhésion à des idéaux aujourd’hui caducs. Mais ils entendent souligner que l’apport scientifique de l’homme n’est en rien caduc, au point qu’on doit déplorer qu’il soit à ce point ignoré, ou minimisé par toutes les biographies qui paraissent encore. L’étude historique du « cas » Foucauld doit se poursuivre, et le présent ouvrage veut être une contribution à cette tâche. En historiens que nous essayons d’être, notre rôle n’est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d’en édifier. Et l’image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n’est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.