1998
Mark Wigley, « Whatever Happened to Total Design? », Problemata, ID : 10670/1.2y8cx3
Constatant que l'expression autrefois usuelle de « design total » a disparu des discours contemporains, Wigley mène l'enquête et tente d'expliquer les raisons d'une telle désaffection. Pour ce faire, il distingue deux acceptions de l'expression, l'une implosive concentrerait l'essence de la discipline en un point métonymique, l'autre explosive la disséminerait dans le champ général de l'objectivité. Côté implosion, l'architecte-designer hérite de l'œuvre d'art totale wagnérienne et prend en charge jusqu'au moindre détail du projet, jusqu'au bouquet de fleurs. L'espace ainsi constitué est sans failles — une domesticité close hétérogène au monde. Côté explosion, Gropius préside et situe l'architecte à toutes les échelles de la mise en forme. Si ces deux figures répondent à l'industrialisation, Wigley soutient que le designer lui-même est inclus dans la tension séparant l'implosion et l'explosion du projet Ainsi lit-il le Bauhaus. Ainsi lit-il également la Broadacre City de Wright. La dissémination de l'intérieur est comme radioactive… et c'est à la lumière de cette logique que l'article analyse les relations entre architecture et design. Mais en traversant les années 1920 comme les années 1950, il rencontre inlassablement l'échec des tentatives de la « totalisation ». Mieux, il montre comment tout design tend au tout, mais demeure frustré, ne serait ce que par la trame théorique qu'il enveloppe. Texte proposé par Claire Brunet.