2008
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Jean Boutier, « L'espace résidentiel de la noblesse florentine (XVIe-XVIIIe siècle) », HAL-SHS : histoire, ID : 10.1484/M.SEUH-EB.4.00323
La noblesse florentine n'occupe pas l'espace résidentiel urbain selon un modèle classique de ségrégation sociale; au contraire, elle est présente dans la pluys grande partie des quartiers de la ville. Ce type d'implantation rend possible des pratiques clientélaires, où la noblesse est un élément central du contrôle social . L'étude s'appuie sur des inventaires exhaustifs et des recensements effectués au cours du XVIIIe siècle.La contribution examine les formes de résidence, en ville et à la campagne, de la noblesse florentine entre le XVIe et XVIIIe siècle. Réunissant les familles qui, à l’époque républicaine, avaient acquis le droit d’exercer les plus hautes charges de la République, ainsi que quelques féodaux et des familles d’origine plus récente admises par le Grand-duc dans son ordre militaire, ce groupe n’a jamais cherché à occuper un espace réservé, à l’écart du reste de la société. Au contraire, en ville, ses palais se retrouvent dans tous les quartiers; ils se distinguent toutefois par leur position dans certaines rues, par leur ampleur et leur décoration. Les modes de résidence de la noblesse sont ainsi au coeur des processus de sa domination sociale et politique.L’article examine la géographie résidentielle de la noblesse florentine à partir d’une liste des familles nobles établie en 1713; il analyse le lien entre sa stabilité à long terme et la constitution d’un type de résidence – le palais urbain – aux XVe et XVIe siècles, qui en vient à cristalliser le capital symbolique d’une famille: soumis, lors des successions, à un fidéicommis qui en interdit toute aliénation, le palais s’identifie fortement à une famille et à son histoire. Pour une noblesse qui se considère comme la mémoire historique de la cité, il devient plus important de gérer un patrimoine de palais que d’en construire de nouveaux. Un habitat plus dynamique caractérise en revanche les villas nobles des environs de Florence. Elles ont été pour l’essentiel construites entre le XVIe et XVIIIe siècle, au coeur de très vastes domaines agricoles tournés vers une agriculture de marché. La noblesse s’y installe à deux périodes de l’année, à la fin du printemps et à l’automne. La villa est alors le lieu d’un intense sociabilité, marquée par le modèle courtisan; dans les plus riches, les bibliothèques y sont bien fournies, on y fait du théâtre et on y joue: la villa est un îlot de vie urbaine à la campagne, un lieu où la noblesse peut s’isoler du reste de la société, ce qu’elle ne peut réaliser en ville. La contribution déplace l’approche, de la ville vers la campagne, pour souligner en quoi le système résidentiel nobiliaire repose sur deux pôles, à la fois opposés et complémentaires.