J.C. Bach Vs Fianso. Qu’est-ce qu’une musique “actuelle” ?

Fiche du document

Date

7 février 2020

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes




Citer ce document

Jonathan Thomas, « J.C. Bach Vs Fianso. Qu’est-ce qu’une musique “actuelle” ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.34y7rr


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

Si nous suivons Philippe Le Guern, l’expression « musiques actuelles » désigne, en France et depuis les années 1990, une catégorie rassemblant des genres musicaux hétérogènes et contemporains, née de la mobilisation de ces genres par des politiques culturelles. Une musique serait ainsi « actuelle » quand elle permettrait à une institution publique d’agir sur un public pour le faire agir, et qu’elle ne serait pas de la musique classique. Un tel postulat ne dit toutefois pas comment et ce qu’il faut à une musique pour exister, en performance, comme une musique actuelle. Je propose d’interroger la dimension politique constitutive de cette catégorie à travers mon expérience de spectateur d’un festival de musique organisé par une mairie de Seine-Saint-Denis.Ce festival d’été en plein air proposait, sur une journée, une alternance de concerts de musique classique et de rap. Considérant le public, la diversité des âges associée aux attachements stéréotypiques des plus âgés à la musique classique et des plus jeunes, nombreux, au rap, laisse deviner le but recherché par cet effort de politique culturelle : faire se rassembler et échanger des publics séparés par leur culture esthétique, leur appartenance générationnelle, et, probablement, leur situation géographique dans la ville. J’assiste à tout ou partie des deux derniers concerts et constate que cette opération est malaisée. Les présentateurs du festival introduisent le premier concert – des pièces de J.C. Bach et F. Schubert pour chœur et orchestre – auprès du jeune public en leur décrivant une musique sérieuse, qu’il faudra écouter en silence pour pouvoir assister au concert de Fianso, figure locale et nationale du rap français. Le premier concert, à la sonorisation défaillante et compliquée par le bruit des jeunes spectateurs, est ponctué d’appels insistants au calme. Dans le public et sur scène, certains s’énervent. Quand le concert de Fianso commence, les plus âgés partent ; les plus jeunes se lèvent et participent pleinement à la performance du rappeur. Chaque partie du public semble avoir subi la musique de l’autre. Je centrerai mon propos sur le concert classique. Pourquoi sa médiation a-t-elle été un échec, au moins partiel, rendu manifeste par le bruit du public ? En d’autres termes, pourquoi la musique classique n’a-t-elle pu exister comme une musique actuelle ? Dans une démarche nourrie d’empirisme, j’investirai ce questionnement à travers les plans du son, des modalités d’attention et de participation du public, pour aborder enfin ce que la performance musicale représente des possibilités d’existence présentes et à venir d’un ensemble social.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en