L’intimité française avec la « sauvagerie » à Montréal aux 17e-18e siècles

Résumé Fr En

Croiser les écrits coloniaux avec les verbatim des procès impliquant Français et Autochtones à Montréal aux 17e et 18e siècles permet de confronter la parole d’en bas à celle d’en haut. Les effets de vérité que les justiciables pensent donner à leurs arguments révèlent une connivence cognitive partagée tant par les témoins et acteurs autochtones et français que par le juge et le greffier. Ils pointent vers la banalité des attitudes et des représentations communément admises, mais contrastent avec celles des auteurs de relations missionnaires, récits de voyage et correspondances officielles. L’exercice fait découvrir des microsites d’intimité franco-autochtone qui, existant dans le quotidien des peuples, touchent ce qui est de l’ordre de la normalité familière pour les gens d’en bas et de l’anormalité exotique pour les gens d’en haut, en particulier en ce qui concerne les tempéraments jugés dégoûtants, violents, intempérants et incontrôlés.

The benefit of a combined reading of colonial writings and verbatim records of trial proceedings implying French and indigenous people in Montreal in the seventeenth and eighteenth centuries is to confront those who speak from below with those who speak from above. The litigants think their arguments take on extra tokens of truth, which reveals a cognitive connivance by witnesses, native and French protagonists, as well as the judge and the clerk. Such records point to the ordinariness of commonly accepted attitudes and representations, which contrast with the reactions penned by the authors of missionary accounts, travel diaries and official correspondences. The exercise highlights microsites of intimacy between the French and indigenous people : these experiences, within their everyday life, evoke a well-known normality to people below and an exotic abnormality to people above, in particular regarding the temperaments that are considered disgusting, violent, intemperate and unchecked.