Un artisan facteur de contrebasses retrace sa carrière à Mirecourt et blâme l’élitisme de certains luthiers

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Enquête ethnologique sur les luthiers de Mirecourt (Lorraine)

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Hélène Claudot-Hawad et al., « Un artisan facteur de contrebasses retrace sa carrière à Mirecourt et blâme l’élitisme de certains luthiers », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.3cdpsh


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Hélène Claudot-Hawad, ethnologue et descendante d’une famille de luthiers, a mené plusieurs entretiens sur ce métier entre 1981 et 1993. En 1982, elle s’est rendue dans leur ville d’origine et capitale de la lutherie, Mirecourt, et elle y a rencontré des anciens du métier, ainsi que leurs proches. Robert Baumann a évolué dans un milieu professionnel impliqué dans le domaine de la lutherie (son frère, sa femme). Le monde ouvrier à Mirecourt avait le choix entre la lutherie ou la Cotonnière (fabrique de textile). La stature imposante de R. Baumann l’amène à se spécialiser dans les contrebasses et violoncelles. Il reproche beaucoup aux anciens du métier leur prétention et leur élitisme. Il raconte comment, venant d’un autre milieu, il a subi du dédain dès son apprentissage (débuté à treize ans) et un manque de reconnaissance tout au long de sa carrière (il a travaillé jusqu’à l’âge de soixante-sept ans). Il dit n’avoir jamais aimé la mentalité de cette profession et a d’ailleurs voulu la quitter pour le syndicat agricole. Au retour d’une absence de trois ans pendant la guerre de 1939-1945, Robert Baumann quitte la Maison Thibouville et installe son atelier à domicile. Il était très demandé car il était un des seuls fabricants de contrebasses. Il les réalisait toutes de manière anonyme, elles étaient ensuite signées par les Maisons. En tout, il dit avoir fabriqué plusieurs centaines de contrebasses ; n’ayant pu, pour des nécessités économiques, se cantonner à l’instrument “à la main”, il a dû accepter la fabrication d’instruments plus ordinaires, c’est-à-dire moulés. Comme beaucoup de luthiers, pendant son temps libre, il cultivait son jardin ou celui des autres, ce qui permettait de nourrir sa femme et ses trois enfants. Madame Baumann a également suivi un apprentissage dès l’âge de treize ans, spécialisée dans le finissage des archets manufacturés, dont elle décrit ici la technique. Il fallait en traiter une douzaine par jour pour pouvoir survivre. Après le polissage, elle faisait la mortaise, posait la mèche et le recouvrement en nacre de l’archet. Il y avait beaucoup de femmes regroupées en “chantiers” dans ces ateliers. Elle a travaillé de 1919 à 1939 puis de 1945 à 1948. Autour de 1927, la profession connaît une crise : elle passe alors au montage des moules de violons, tandis que Robert Baumann est envoyé à la scierie. Tous deux soulignent la dureté du travail à cette époque et le peu de rémunération des ouvriers qui vivaient dans la misère. La lutherie jusqu'à son déclin (dès 1929) employait beaucoup de gens, permanents ou intérimaires, comme les paysans qui taillaient le bois en hiver. Certains se faisaient payer à l’avance pour des travaux qu’ils n’avaient pas encore commencés : on appelait cela “faire des chiens”. Robert Baumann évoque la fête de la Sainte-Cécile, patronne des luthiers, que l’on honorait de manière variée à Mirecourt.

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