Amputations spontanées ou chirurgicales ? Le cas de la léproserie médiévale Saint-Thomas d'Aizier (12e-16e s.)

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4 mai 2018

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Joël Blondiaux et al., « Amputations spontanées ou chirurgicales ? Le cas de la léproserie médiévale Saint-Thomas d'Aizier (12e-16e s.) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.3j2y82


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La léproserie médiévale Saint-Thomas d'Aizier, située en pleine forêt de Brotonne (Eure), a été l'objet d'une fouille programmée de 1998 à 2010. Le site correspond à un petit édifice rural a priori sans importance notable, fondé vers la fin du XIIe siècle et abandonné au cours du XVIe siècle. L'étude conjointe des sources historiques et archéologiques a permis de comprendre l'organisation de cet établissement, son origine, son mode de fonctionnement et son évolution dans le temps. Les conditions de vie, la structuration des espaces et la nature de la population inhumée (plus de 220 sépultures exhumées) ont également été étudiées, la population enterrée à Aizier s'étant révélée particulièrement intéressante pour l'étude de la lèpre au Moyen Âge, pour connaître la perception de cette maladie et mieux appréhender ses implications sociales. Si la population d'Aizier est fortement affectée par la maladie lépromateuse avec de nombreux cas de syndromes rhino-maxillaires et d'atteintes périostées des membres caractéristiques de cette maladie, d'autres lésions squelettiques dues à la lèpre ont été également observées. Ainsi, quand un membre est manquant sur un squelette, l'hypothèse d'une amputation chirurgicale est généralement présentée. À Aizier, dans 6 cas, les os des pieds sont absents ou déformés voire ankylosés, avec de forts remaniements osseux de la région tibio-fibulaire distale. Souvent la destruction des extrémités des os des membres aboutit à une « amputation spontanée », complication et évolution naturelle des atteintes lépromateuses par résorption osseuse plus ou moins complète. La constatation de lésions cicatricielles des extrémités, si les éléments osseux connexes distaux sont perdus, mérite de préciser le diagnostic différentiel des amputations en général. En effet, dans le cas où un pied est totalement manquant et en l'absence d'autres signes squelettiques de la lèpre, d'autres étiologies peuvent être évoquées. Par ailleurs, la présence attestée d'un praticien dans d'autres maladreries pose le problème d'une possible amputation chirurgicale venant compléter un début d'amputation spontanée et visant à faciliter l'appui et la mobilité du malade en tentant de créer un moignon régulier. Les descriptions relevées à Saint-Thomas d'Aizier méritaient que l'on s'interroge sur la réalité de ces amputations « chirurgicales » apparentes ou hypothétiques.

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