Faire rire de Médée au XVIIIe siècle : les métamorphoses parodiques du mythe

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2010

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Isabelle Ligier-Degauque, « Faire rire de Médée au XVIIIe siècle : les métamorphoses parodiques du mythe », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.3j7mtd


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Faire rire de Médée au XVIII e siècle : les métamorphoses parodiques du mythe L e geste stupéfiant de Médée frappe les imaginations et fascine aussi bien qu'il écœure les dramaturges du XVIIIe siècle. La magicienne de Colchide représente une aberration pour la Nature et se hisse par son geste au rang de "monstre", c'est-à-dire de prodige. Si l'épouse bafouée reçoit de la compassion, la mère criminelle, elle, reste le plus souvent étrangère aux dramaturges des Lumières, et certains auteurs vont s'efforcer de préparer le crime de Médée par des signes avant-coureurs. Restituer le cheminement des pensées de l'héroïne est un moyen d'atténuer, s'il se peut, l'abomination de son geste. Quant à l'infanticide, rares sont les auteurs qui s'aventurent à la fin du XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle à le mettre directement en scène. L'allusif prévaut sur le monstrueux, par respect des bienséances. En outre, l'absence de sanction morale heurte le sens de la justice tout autant que le crime lui-même. Médée mérite-t-elle d'être punie ? Comme le souligne Jacques Ricot dans son "Étude sur l'humain et l'inhumain", le scelus nefas de Médée bafoue les lois divines et ne peut à ce titre être expié. Il relève des crimes irréparables dont le dommage "dépasse les individus et le groupe social concernés pour atteindre l'humain dans sa construction symbolique elle-même". Dans la tragédie "Médée" de Longepierre (1694), encore jouée avec succès au XVIIIe siècle, Médée marque cette rupture en s'envolant à bord de son char, laissant Jason à ses douleurs terrestres, et Pellegrin imagine pareil dénouement pour son opéra "Médée et Jason" (1713), sur une musique de Salomon. Trois grandes questions se posent donc aux dramaturges désireux d'affronter le mythe de Médée : comment rendre psychologiquement explicable le geste de Médée sans qu'il perde de son horreur ? En corollaire, comment dire ou représenter sur scène l'infanticide ? Enfin, faut-il se conformer à l'amoralisme du mythe ? Écho de la réception théâtrale au XVIIIe siècle, les parodies dramatiques vont accompagner les réécritures successives du mythe de Médée et transformer un monstre de théâtre en objet ludique.

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