Une anthropologue s’entretient avec un chercheur spécialiste de l’anthropologie cognitive et sensorielle à l’université de Nice

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5 avril 2017

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Marie-Luce Gélard et al., « Une anthropologue s’entretient avec un chercheur spécialiste de l’anthropologie cognitive et sensorielle à l’université de Nice », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.3tyhu5


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L’entretien débute par le parcours universitaire et professionnel de Joël Candau dont le principal domaine de recherche est l’anthropologie cognitive et sensorielle, dans une perspective bioculturelle. Au moment de l’entretien, il est professeur dans le département d’Ethnologie-Anthropologie de l’Université Côte d’Azur (Nice) et mène ses recherches au sein du Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales (LAPCOS). Il évoque le cheminement intellectuel qui l’a amené à l’étude des sens. Au début de sa carrière, en 1984, il soutient une thèse en anthropologie religieuse sur la tradition de fondation des oratoires en Provence sous la direction de Richard Pontier. Il rentre à l’université après avoir travaillé dans des entreprises privées, en 1991. Ses premières recherches portent sur ce qu’il nomme le « petit patrimoine » mais dont il se désintéresse rapidement. Il se passionne alors sur les questions de « mémoire » intéressé par le lien des sciences sociales avec des sciences de la vie. Il travaille sur la mémoire individuelle et la mémoire partagée et en vient à s’intéresser à la mémoire olfactive (d’après lui robuste et intime). Il veut démontrer que cette dernière peut être partagée et mène alors des enquêtes sur les « bonnes » et les « mauvaises » odeurs : celles des parfumeurs, des cuisiniers, des œnologues… comme celles des fossoyeurs, des employés de la morgue ou des sapeurs-pompiers. Pour lui « les sens sont la porte d’entrée principale pour comprendre le comportement humain » et il en vient à s’intéresser à tous les types de sens. A l’Université de Nice, il est à l’origine d’un groupe de recherche : MOD (Molécules, Olfaction, Discours) constitué de psychologues cognitifs, de linguistes, de chimistes et d’anthropologues dont l’objectif est de travailler sur les liens éventuels entre les propriétés physico-chimiques d’une molécule et la manière dont on en parle (les descripteurs olfactifs). Il associe les méthodes expérimentales et les méthodes ethnographiques. De ce projet est né un autre projet beaucoup plus important : le GDR O3 (Odeur, Odorant, Olfaction) sous l’égide de l’Institut de Chimie de Nice. De cette expérience, Joël Candau retiendra l’importance et l’intérêt qu’il peut y avoir à conjuguer sciences sociales et sciences de la vie. Lui-même, ne donne pas de cours à proprement parlé sur l’anthropologie sensorielle jusqu’en 2004, où il dispense un enseignement intitulé « Anthropologie cognitive : les descriptions sensorielles » dont l’objectif est de définir les limites de l’anthropologie sensorielle en utilisant les mêmes méthodes que MOD (expérimentales et ethnographiques). Quand il obtient son HDR, il dirige également plusieurs thèses en rapport avec le sensoriel. Il précise, ensuite, la notion d’expertise sensorielle et insiste sur la notion de « nature humaine », qui a été contestée par de nombreux naturalistes. Selon lui, de la même façon qu’il est dans la nature de certains animaux de pouvoir voler six mois durant, de pouvoir rester dix-huit minutes sans oxygène ou de plonger à une profondeur de 1500 mètres, il est dans la nature de l’humain de ne pouvoir exister autrement qu’en étant culturel. Il revient ensuite sur la question des mémoires individuelles et collectives, puis, sur le cognitivisme, précisant qu’il s’agit de courants très divers. Il évoque à cette occasion la recherche qu’il a menée sur le colostrum entre 2012 et 2016 (ANR COLOSTRUM). Lui-même a vécu des expériences sensorielles et il fait le récit des réactions qu’elles ont suscitées. Il termine en évoquant les travaux de David Howes et du Sensory Ethnography Lab et conclut sur le fait que l’anthropologie sensorielle est aujourd’hui un immense domaine d’investigation qui s’offre aux chercheurs en sciences sociales.

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