2014
Cairn
Claire Schwartz, « La question de l'infinité du monde et ses réponses cartésiennes », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.3uontt
La célèbre controverse entre Descartes et More à propos de l’infinité de l’étendue créée, à savoir l’univers, est chargée d’un certain nombre de présupposés relatifs à la philosophie cartésienne. Nous tenterons de comprendre dans un premier temps pourquoi Descartes refuse d’accepter l’infinité de l’étendue que More le pousse à affirmer, au prix d’une distinction qui semble peu convaincante entre infini et indéfini, puis dans quelle mesure il est possible, malgré la résistance de More, de lui donner sens. Il peut alors apparaître surprenant de faire intervenir Malebranche dans ce débat. Cependant, la position malebranchiste permet, par contraste, d’apporter un nouvel éclairage sur cette question : si l’Oratorien se rallie aux conclusions de More sur l’infinité de l’étendue, tout du moins celles qu’il exprime dans sa correspondance avec Descartes, il s’oppose absolument à ses prémisses anticartésiennes sur la nature de la matière et de l’étendue. C’est alors le concept lui-même d’infini comme absence de limites qu’il va nous falloir continûment interroger pour rendre compte du véritable sens de cette querelle, dans le contexte d’une mise en question de la philosophie cartésienne.