2011
Cairn
Hervé Vieillard-Baron, « Banlieue, quartier, ghetto : de l'ambiguïté des définitions aux représentations », Nouvelle revue de psychosociologie, ID : 10670/1.41sy1s
Le lexique relatif à la banlieue française et aux quartiers est paradoxal : pauvre si l’on s’en tient aux apparences, d’une grande richesse quand on remonte aux racines de l’histoire urbaine. En étant considérée comme un sujet d’opinion avant d’être analysée comme un objet scientifique, la banlieue contemporaine porte en France une charge qui la dépasse. Une série de slogans et de discours simplistes alimente à son sujet une construction cumulative où chaque organe d’information, en se calquant sur son concurrent, contribue à produire des figures imaginaires.En dépit de l’enclavement spatial et de la précarité sociale qui concernent de nombreux quartiers sensibles et leur population, l’emploi même du mot « ghetto » à leur propos est inapproprié. Ce terme fige une situation qui est en mouvement. Il occulte les processus externes qui conduisent à la relégation. Il s’inscrit dans un système de représentations qui amalgame misère sociale, terreur et communautarisme. En somme, il ne fait que renforcer une situation qu’il convient de dénoncer.Précisément cet article revient sur les définitions de la banlieue, du quartier et du ghetto. Il s’agit de montrer toutes les ambiguïtés du vocabulaire, de souligner comment ces notions se transforment dans le temps, et de mettre en évidence le rôle de la rumeur et le poids des représentations qui sont véhiculées par l’emploi de ces mots dans des contextes particuliers.