L’invention de la lutte contre les rumeurs

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Autant la rumeur n’a pas toujours existé en tant que concept scientifique, autant le contrôle de la rumeur est une invention du xxe siècle. Le 1er mars 1942, une rubrique naît dans un quotidien des États-Unis, le Boston Herald, avec un nom programmatique : la « Clinique des rumeurs », conçue pour éradiquer le mal nouveau représenté par la diffusion des rumeurs de guerre. On pourrait croire qu’il s’agit d’une rubrique journalistique comme une autre, mais on découvre vite qu’elle est sous le patronage d’une organisation para-étatique et d’un comité de notables, et qu’elle a des caractéristiques singulières : un style mi-sérieux mi-populaire, un choix de sujets souvent anecdotiques, une révérence au « fait » et à la « source ». Sans le savoir, la Clinique des rumeurs pave la voie à l’émergence des rubriques et sites de fact-checking plusieurs décennies plus tard.

While rumor has not always existed as a scientific concept, rumor control is a 20th century invention. On 1st March 1942, a column was created in a daily newspaper in the United States, the Boston Herald, with a programmatic name: the “Rumor Clinic”, designed to eradicate the new evil represented by the spread of war rumors. It could be a journalistic journey like any other, but one soon discovers that the column was under the double patronage of a parastatal organization and a board of notables, and that it had singular characteristics: a half-serious, half-popular style, a choice of often anecdotal subjects, a reverence for “fact” and “source”… Without knowing it, the Rumor Clinic paved the way for the emergence of fact-checking columns and websites several decades later.