11 février 2010
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Koetschet Pauline, « Entre éthique et médecine : la représentation du corps du mélancolique », Corps Et Savoir, ID : 10670/1.4dfqfi
La médecine arabe médiévale revêt la particularité d’avoir été, pour sa plus grande partie, écrite par des philosophes, auteurs entre autres de traités d’éthique. C’est le cas de Râzî, Avicenne, ou encore Maïmonide. Éthique et médecine se présentent en effet comme deux arts de vie complets et complémentaires : la médecine apparaît comme un modèle pour l’éthique, qui se voit comme une médecine de l’âme, et inversement, l’éthique entend livrer des principes pratiques menant l’homme au bonheur grâce à une thérapie du désir. Mais les rapports entre médecine et éthique vont au-delà du parallélisme. Le principe fondamental de la médecine arabe, la réciprocité entre l’âme et le corps, signifie que ce qui est bon pour l’âme devrait l’être aussi pour le corps, et inversement. Or, le corps du mélancolique, maladie de l’âme et du corps, pose au philosophe-médecin un réel problème : il met en échec la manière dont l’éthique conseille de disposer le corps, et dresse en opposition médecine et éthique. Il met ainsi en lumière le fait que l’éthique considérée sur le modèle de la médecine est tiraillée entre le détachement des choses mondaines d’une part, et l’idée d’une pratique complète du soi apte à construire une norme empirique d’autre part.