27 janvier 2012
Emmanuelle Gatien, « La valorisation des questions de société à travers le Prix Albert Londres », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.4jg9qj
L'étude du Prix Albert Londres, qui distingue les grands reporters depuis 1933, permet d'aborder les conceptions de l'excellence et les phénomènes d'ajustement aux grandes évolutions du journalisme sur un temps relativement long (comparativement à l'histoire de la profession). Ainsi, l'entrée des "sujets de société" dans la compétition à partir des années 1980 et leur progression au palmarès dans les années 1990 reflètent certaines transformations de la profession, repérables tant en presse écrite qu'en télévision. Si le grand reportage international ou "de guerre" constitue un modèle d'excellence perpétué par le Prix, les hiérarchisations implicites au principe du classement des candidats témoignent de son déclin relatif en faveur des "sujets de société". Cette redéfinition de la hiérarchie journalistique se répercute sur la forme : la nature et la variété des sujets traités par le service "Société" lui permettent un renouvellement de la "couverture" des faits sociaux, plus attentive aux citoyens "ordinaires" et à la restitution de leur vécu sur un mode littéraire. À rebours des tendances générales, le traitement des sujets présentés au Prix est aussi fondé sur un investissement du journaliste donnant lieu à des articles longs, à tonalité engagée. Cette contribution s'appuie sur les travaux relatifs au journalisme spécialisé et ses différentes formes et aux transformations de la division du travail et du recrutement des journalistes.