2013
Cairn
Marie-Pierre Bousquet, « Une ontologie anicinabe (algonquine) : discussions autour de l'expérience du bizarre », Histoire, monde et cultures religieuses, ID : 10670/1.4k2qf2
Cet article appartient à une démarche générale visant à découvrir l’être-au-monde des Anicinabek. Il privilégie l’étude de récits et de conduites relevant de l’expérience de l’insolite. Il pose que la valeur de l’expérience insolite comme modalité d’acquisition de la connaissance n’exclut aucunement la validité d’autres systèmes explicatifs possibles pour les Anicinabek. Ainsi, il leur est tout à fait possible d’admettre à la fois la véracité des lois de la physique et de la biologie et des messages véhiculés par les rêves ou par d’autres truchements non reconnus par le rationalisme comme étant des bases d’une évidence. En reprenant les termes de Philippe Descola, on pourrait dire que les Anicinabek ont une ontologie qui permet de mettre en dialogue l’animisme et le naturalisme. En fait, l’ontologie anicinabe n’exclut dans son principe aucune catégorie d’ontologies puisqu’elle est intrinsèquement pragmatique. Afin de le montrer, cet article commence par replacer dans le cadre du système de pensée animiste le système explicatif mobilisé pour appréhender les phénomènes bizarres et leur donner du sens. Il prend en compte les différentes allégeances religieuses présentes dans les communautés anicinabek. Puis, à la lumière d’histoires d’expériences bizarres, il s’efforce de comprendre comment les Anicinabek évaluent les explications singulières, en se penchant sur l’importance de l’expérience personnelle.