2015
Eva-Maria Geigl et al., « Analyse de la préservation de l’ADN dans les ossements de rongeurs à Témara, Maroc, en remontant dans le temps », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.4kh7iu
Nous présentons notre étude génétique d’ossements anciens de la macro- et microfaune préservés dans les grottes El Harhoura 2 et El Mnasra à Témara, Maroc, ainsi qu’une étude taphonomique quantitative concernant la dégradation de l’ADN dans les ossements digérés par les rapaces, principaux responsables des accumulations actuelles et fossiles de rongeurs. Les résultats de cette étude sont multiples : (1) Aucun produit d’amplification d’ADN n’a été obtenu à partir des ossements d’aurochs et d’ânes sauvages préservés dans les grottes de Témara datés de ~44 000 ans (date ESR-U/Th) à ~74 000 ans (date OSL) et il en a été conclu que l’ADN n’était pas préservé dans ces ossements. (2) Les processus taphonomiques à l’oeuvre dans les ossements de rongeurs, accumulés par les rapaces, sont différents de ceux de ces gros mammifères, accumulés par les êtres humains ou les grands carnivores. Nous avons alors exploré les premiers en quantifiant l’ADN contenu dans les ossements et dents de rongeurs issus de pelotes de réjection actuelles de rapaces provenant du Maroc. Nous avons déterminé que la plupart des molécules d’ADN est dégradée lors de cette digestion initiale et qu’il n’en reste que de 10 à 0.1% de la quantité initiale avec une taille moyenne variant de 40 à 1.000 paires de bases. L’étendue de la dégradation paraît indépendante du rapace et de la partie squelettique de la proie. (3) Le développement d’une nouvelle approche basée sur la PCR multiplexe et le séquençage massivement parallèle de nouvelle génération et son application à des ensembles d’os récupérés aseptiquement à partir de carottes des différentes niveaux stratigraphiques des grottes de Témara a permis l’obtention de résultats génétiques pour les os de deux niveaux différents d’El Harhoura 2 datés jusqu’à 70.000 ans. Ces résultats suggèrent une continuité génétique des lignées mitochondriales de mériones dans les environs de Témara depuis le début du Pléistocène supérieur jusqu’à aujourd’hui. La meilleure préservation de l’ADN dans les os de micromammifères que dans ceux de macromammifères anciens suggère que le processus de digestion initiale par le rapace doit créer un terrain favorable à la préservation à long terme de l’ADN résiduel.