Une médiation entre recherche et pratique : le dispositif GPS. Une recherche collaborative mise à l’épreuve des pratiques

Résumé Fr En

Cet article vise à contribuer à la réflexion sur les conditions de mise en œuvre de recherches collaboratives en confrontant le déroulement et les résultats d’une enquête menée dans le cadre d’un « Lieu d’éducation Associé » (LéA) à deux des postulats théoriques assurant une collaboration réussie entre chercheurs et praticiens. La configuration singulière du dispositif d’analyse de situations professionnelles « Gérer Professionnellement les Situations » (GPS) dans le LéA, censée garantir la symétrie des positions entre ses membres et la fécondation réciproque des savoirs d’expérience et des savoirs scientifiques, est en effet mise à l’épreuve du processus de coécriture, réunissant un chercheur et des enseignants, et de l’analyse de l’écrit final produit par le groupe. L’article met en évidence une série de freins empêchant la mise en place d’une communauté d’enquête : la distance géographique, la posture du chercheur/formateur et la juxtaposition d’une logique de recherche et de formation. Il interroge aussi les effets de cette distance entre théorie et pratique en analysant l’écrit final sous le prisme de la réflexivité mise en œuvre par les praticiens. Paradoxalement, l’écrit atteste d’une double réflexivité – technique et critique – et de l’élaboration de savoirs d’action qui interrogent les présupposés conceptuels du dispositif et plus généralement les médiations censées favoriser la « secondarisation » du discours.

‪This article aims to contribute to thinking on the prerequisites for setting up collaborative studies by comparing the process and results of a survey conducted in the context of a “Lieu d’éducation Associé” (LéA) with two of the theoretical assumptions which ensure successful collaboration between researchers and practitioners. The unique configuration of the "Gérer Professionnellement les Situations" (Professional Situations Analysis) process in LéAs, which is designed to guarantee symmetrical roles among its members and cross-fertilisation between experiential knowledge and scientific knowledge, is in fact, put to the test by the co-writing process and the final written document produced by the group. The article highlights a series of obstacles which hamper the establishment of a research community: geographic distance, the researcher/trainer’s stance and the juxtaposition of a research and training approach. It also examines the effects of this distance between theory and practice by analysing the final written document through the prism of reflexivity employed by practitioners. Paradoxically, the writing provides evidence of double – technical and critical – reflexivity and the development of action-based knowledge which calls into question the process’s conceptual assumptions and, more generally, the mediations which are intended to foster the "secondarisation" of the discourse.‪