6 novembre 2019
Elisa Reato, « La liberté pour quoi faire ? Éthique et politique de l’engagement chez Sartre », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.4yt6zb
Ce travail a pour objectif de présenter la richesse de la notion d’engagement, qui nous paraît constituer le fil rouge de la vie et de l’œuvre sartriennes. Au-delà de la biographie intellectuelle de l’auteur que notre projet entend reconstituer pas à pas, se pose aussi la question de savoir sur quoi se fonde l'engagement et quelle justification il est possible de trouver dans l’œuvre pour penser sa réalisation. Si l'un des grands thèmes philosophiques de l’œuvre sartrienne est que les hommes sont condamnés à être libres, on sait que cette liberté peut tout aussi bien se traduire par un engagement éthique et politique que par une position de spectateur surplombant et extérieur à l'action sociale, spectateur uniquement préoccupé par la réalisation de son destin privé. Puisque la thèse sartrienne du dépassement de la situation constitue une prise de distance avec l'exercice de toute forme de déterminisme, il est légitime de se demander sur quoi peut bien se fonder la notion d'engagement si elle ne reçoit pas d'impulsion décisive des différents types de déterminations. On peut être tenté de chercher la motivation essentielle de l'engagement éthique, politique et social dans l'existence même de la conduite libre, à condition de préciser que cette liberté est non seulement une liberté de type anthropologique, mais aussi une liberté de type moral. Nous examinons les paradoxes et les difficultés qui découlent de cette thèse sartrienne. En insistant sur l’aspect moral et politique de l’œuvre de Sartre et sur les raisons mêmes de l’engagement, nous cherchons à donner des clés pour comprendre la participation des citoyens à l’ensemble des mouvements sociaux contemporains.