2019
Cairn
Frédérique Martin-Scherrer, « L’inclassable Daily-Bul », La Revue des revues, ID : 10670/1.5o3u9e
Née à la fin des années cinquante dans le sillage du surréalisme hennuyer, la revue belge Daily-Bul (1957-1983) se définit elle-même comme « la plus désinvolte du monde ». Ses fondateurs, le peintre et sculpteur Pol Bury (1922-2005) et le poète et écrivain André Balthazar (1934-2014), se sont rencontrés en 1950. Par jeu, ils mettent sur pied une institution farfelue, l’Académie de Montbliart, où s’élabore peu à peu la « pensée Bul », qui mêle, dans un esprit de liberté hérité de Dada, la dérision et l’autodérision de manière à brouiller définitivement toute tentative de récupération idéologique. La revue, d’abord marquée par le caractère littéraire de périodiques proches comme Temps mêlés et Phantomas, devient dès 1958 une revue d’artistes, non seulement à travers la nature de son support physique, mais aussi en vertu du fait que sa fonction performative l’emporte nettement sur sa fonction énonciative : elle n’est que l’une des formes que prennent les actions menées par le binôme Bury-Balthazar dans le monde de l’art contemporain. Inventive et diverse dans son aspect, drôle et impertinente dans son propos, la revue Daily-Bul a réuni les contributions de plus de 100 artistes et écrivains parmi les plus connus de cette période du xxe siècle.