13 février 2024
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Svetlana Tyaglova-Fayer, « Les secrets des croyances sahariennes à travers les tatouages des tous premiers tatoués », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.5pmyc4
: Plusieurs corps humains naturellement momifiés ont été exhumés près de Gebelein (40 km au sud de Thèbes). Six d'entre eux (EA 32751-32756) ont été obtenus pour le musée britannique (British Museum) en 1899 par Sir E. A. Wallis Budge, qui a affirmé avoir assisté à leur fouille (Budge, 1920). Apparemment, tous les corps avaient été enterrés en position fœtale, à une faible profondeur dans le sable, conformément aux traditions prédynastiques et entourés d'objets faisant écho à l'art rupestre saharien. La première approche pour comprendre ces traditions montre que, jusqu'à présent, les chercheurs se sont plutôt attachés à mettre en évidence une éventuelle communauté de formes entre l'art rupestre saharien et l'art égyptien, ou un contenu mythologique commun qui aurait été véhiculé par ces deux formes d'art (D’Huy & Le Quellec, 2009 : 85). Cette quête des origines semble ignorer la violence et les changements brutaux liés au processus de formation de l'État en Égypte, ainsi que la rupture avec certaines traditions qui a pu en résulter. Récemment, grâce à de nouvelles technologies, les scientifiques ont découvert des traumatismes et des tatouages sur deux corps de Gebelein (les bêtes à cornes sur le bras de l'homme, quatre symboles "S" sur le haut de l'épaule de la femme et un "L" sur son bras). La date de la mort de ces deux individus a été estimée entre 3 351 et 3 017 BC. A noter qu’il faut attendre l’époque ramesside pour retrouver des tatouages sur un corps momifié (Blakemore, 2023). Nous pensons que de profonds changements sociétaux et religieux sont à l'origine de cette rupture brutale, qui a duré près de deux mille ans.