Introduction : (Dé)stigmatisation : médias, exclusions, résistances

Résumé Fr

Il y a peu, une enseignante d’italien d’un lycée de la proche banlieue parisienne nous a livré le récit d’un échange avec l’un de ses élèves. Il s’appelle Samuel, il a dix-sept ans, il souffre d’autisme et vit en situation de grande précarité sociale, son père étant décédé il y a quelques années, sa mère parvient difficilement à subvenir aux besoins de la famille. Suite à un échec scolaire, Samuel se confie à son enseignante, son discours frappe par son extrême lucidité. Il se définit comme un « suicidé social », convoque les statistiques concernant la faible insertion professionnelle des autistes, citeLes Misérables de Victor Hugo en parlant des vêtements de seconde main qu’il endosse, évoque la définition de « prolé-taire » qu’il vient d’apprendre en classe de philo et raconte que récemment, suite à un dégât des eaux, sa maison est remplie de moisissures. D’un air distant, il dit : « Nous sommes les moisissures de la société ». Samuel est en train de traverser ce qu’Erving Goffman nomme l’« itinéraire moral » du stigmatisé, un trajet douloureux qui consiste à intérioriser « le point de vue des normaux, acquérant par là les images de soi que lui propose la société, en même tempsqu’une idée générale de ce qu’impliquerait la possession de tel stigmate »

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