Les « anges curieux » : Antoine Faivre, Ultima verba

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17 janvier 2024

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Bruno Pinchard, « Les « anges curieux » : Antoine Faivre, Ultima verba », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.5umxa1


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Nous sommes le lundi 29 novembre 2021. Le professeur Antoine Faivre va mourir le 19 décembre de la même année. Je suis en face de lui, l'ami, le frère, mon parrain, le maître si justement respecté. Et pourtant il se tient sur son lit de mort. Antoine est allongé sur un lit d'hôpital et cette visite sera la dernière. Il me voit, à peine surpris. Inutile de dire que son intelligence est intacte. De son corps, je dirais seulement qu'il se tient allongé, pâle, défait. Je lis dans mes notes d'alors : « Antoine, défait et déjà d'une pâleur mortelle, nous reçoit d'abord avec méfiance. Il parle avec une extrême difficulté, les yeux fermés. Ses mains sont longues et pâles, et ses bras sont squelettiques. Il a le visage de très vieille femme des hommes mourants, assez pour nous rappeler que ce sont des Mères qui règnent au fond des tombes. » Mais la parole jaillit de ce spectre : « Quand on a beaucoup aimé la vie, on doit aimer la mort. » Croit-il à cette sentence solennelle qui semble échapper à la réalité des circonstances ? Notre ami Robert Salmon m'a demandé si je voulais voir Antoine pour la dernière fois car il allait être changé de service, et ce changement augurait de la fin. J'ai accepté aussitôt, nous avions un moment de libre tous les deux, rien ne laissait attendre notre venue. Antoine ne se parlerait-il qu'à lui-même ? Il cherche le ton juste face à l'intrusion de ses amis désolés de le voir dans cet état de faiblesse. Mais ce passant de l'autre monde a de l'avance sur nous, il connaît déjà la suite. Je passe sur les scrupules universitaires qui ouvrent la conversation. Il me voit d'abord comme un collègue venu à son chevet. Il se désole d'avoir manqué une soutenance de thèse... Il est sûr qu'il y a des éléments « jésuites » chez Martinès de Pasqually. Je demeure interdit devant cette présence d'esprit et sur l'incongruité d'une telle référence dans cette chambre d'hôpital sans remède. Et la sentence tombe aussitôt, nullement académique, seulement scientifique, d'abord au service de la vérité : « Parfois des éléments reçus de façon indirecte et souvent mal compris, servent à reconstruire des expériences aux sources complètement différentes. » Mais de quoi parle-t-il donc ? Des obstacles à la compréhension du

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