2008
Cairn
Jean Birnbaum, « Transmission révolutionnaire et pédagogie de la jeunesse. L'exemple des trotskismes français », Histoire@Politique, ID : 10670/1.5v09x0
En France, les groupes trotskistes connaissent une singulière pérennité, que certains observateurs qualifient de curiosité nationale, voire d’« énigme ». Pour en rendre compte, il faut envisager ces groupes non seulement comme des organisations politiques, mais aussi et surtout comme des collectifs pédagogiques obsédés par l’impératif de transmission. La question de la « jeunesse » s’y pose dans toute son intensité » : c’est elle qui recueille l’héritage des aînés, c’est elle qui passe le témoin, c’est elle qui trahit aussi... Puisant dans l’expérience de trois générations militantes (antifasciste, anticolonialiste, altermondialiste), cet article décrit un certain art d’hériter. Celui-ci passe moins par un programme doctrinal que par un ensemble de pratiques vécues, une morale incorporée. Au cœur de cet « habitus » trotskiste, il y a un rapport passionné à la mémoire, une sacralisation de la chose écrite, une fidélité a la parole enseignante des anciens. On aura reconnu trois éléments qui structurent toute culture révolutionnaire depuis 1789.