L'illu-son du silence : l'exemple de DRIVE de Nicholas Winding Refn (2011)

Résumé Fr

"Le cinéma parlant a inventé le silence" disait Robert Bresson. Mais quel type de silence le cinéma numérique a-t-il créé ? Inhérent à l'expérience spectatorielle – que celle-ce se déroule en salle ou dans le confort d’un canapé devant son écran de télévision - il est une nécessité dans l’immersion de la réception de ce « sujet tout-percevant ». Catalyseur des moindres bruits signes avant-coureurs de l’insurrection d’un réel dommageable (un voisin qui tousse ou qui triture des papiers de bonbons), il a été historiquement dompté par des artifices dont la musique. Pourtant, « le silence n’est pas une carence mais le choix délibéré d’une absence »1. Il désigne un vide dans une conversation mais bien une note écrite sur une partition. Dans le cinéma contemporain où la frontière entre écriture musicale et design sonore se dilue jusqu’à la fusion, la place du silence, réel ou simulé, travaille viscéralement la réception spectatorielle.Nous prendrons l’exemple du film Drive (2011) tant la mise en scène formaliste de Nicholas Winding Refn applique à son driver taiseux, sans nom, sans passé, westernien, une grammaire cinématographique où la composition des plans en quadrant et la richesse du matériau sonore (jusqu’à 5-6 pistes superposées) évoquent un simulacre de silence, assourdissant et implacable. Ce qui pourrait être un avatar du « cinéma du look » s’aventure ici dans le continent de l’écoute, à la fois active (les chansons) et passive (la musique du film et les sons). Le silence sera ainsi analysé comme catalyseur sonore (mise en avant de la musique notamment), comme vecteur entre espace urbain et espace intérieur (la voiture, le personnage) mais également dans son artificialité (absence de dialogue mais sources sonores multiples).

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