21 avril 2012
OpenEdition, « Les horreurs du Sud », Calenda, le calendrier des lettres, des sciences humaines et sociales, ID : 10670/1.5xfgxd
« The Mediterranean is the human norm. When men leave that exquisite lake […] they approach the monstrous and the extraordinary ». Cette opinion, formulée par un personnage de A Passage to India illustre à merveille, ce que fut, portée à son paroxysme, la « passion de la Méditerranée » dont John Pemble traita dans un de ses livres. Cependant la fascination dont les Européens du Nord (et un peu plus tard les Américains) firent montre, très tôt, pour « ce lac exquis », fut rarement assez forte pour que, venant d’un contexte politique, culturel, social très différent, ils ne découvrent pas aussi du « monstrueux » et de « l’anormal » sur les rivages de la Méditerranée. Mais si la beauté, la vitalité, la spiritualité, la sensualité des sociétés méditerranéennes vues du Nord ont fait l’objet d’études nombreuses et fouillées, on s’est moins systématiquement arrêté sur ce que des « peuples sévères à qui l’hiver convenait bien », pour reprendre un jugement de Charles Kingsley, devaient inéluctablement trouver de sombre en celles-ci. C’est cet envers où dominent cruauté, décrépitude, ignorance et oppression que ce colloque se propose d’explorer plus avant, non pas tant pour rechercher la « vérité » sur les « horreurs » du Sud méditerranéen que rapportent et décrivent (parfois imaginent) les écrits et les arts du Nord que pour tenter de cerner les conditions historiques, culturelles, sociales, esthétiques, personnelles qui dictèrent leur perception (ou leur invention) et inspirèrent leur représentation.