15 décembre 2022
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1961-991X
, info:eu-repo/semantics/openAccess
Gauthier Labarthe, « Le devenir clandestin de l’Auteur dans La Nuit morave de Peter Handke », Textes et contextes, ID : 10670/1.62fpjr
À partir du roman La Nuit morave (Die morawische Nacht), il s’agira d’étudier les nouvelles formes de l’auctorialité handkéenne en nous intéressant plus particulièrement à la trajectoire de la voix narrative ainsi qu’au dispositif qui en découle. En retraçant la fuite du personnage principal qui l’a porté pendant plusieurs années vers les marges de l’Europe, le récit dessine en effet le parcours sinueux d’une voix erratique prise dans un double mouvement d’expropriation et d’ouverture à l’Autre. L’« abdication » de l’Auteur ainsi dépossédé de son auctorialité au début de son voyage, alors qu’il se trouve en Espagne, débouche sur une expérience libératrice. L’extraterritorialité de la péniche sur laquelle il vit et accueille ses invités pour leur relater son voyage caractérise également la voix narrative qui, prise dans ce mouvement immobile, devient le lieu du partage du Dire, de l’avènement à la parole de toutes ces voix tues, autres et clandestines qu’il recueille pour fonder une nouvelle forme de communauté. Le lecteur assiste donc, à mesure que le récit progresse, au devenir clandestin de l’auteur qui devient la seule forme possible de ce nouvel art de raconter handkéen.