Regards en archipels : visions d’îles en relation

Résumé Fr

Quand, en 1941, le paquebot Paul Lemerle, avec à son bord les intellectuels chassés par le nazisme, le peintre cubain Wifredo Lam retrouve en lui " cet homme des Antilles " quitté depuis près de vingt ans. " Là il s'est révélé à lui-même. [...]. Il a vu ce paysage. ça a été un choc profond. Sa peinture a changé ", dira Aimé Césaire. Cette rencontre entre le peintre et le poète fut à l'origine d'une longue connivence esthétique nouée à partir d'une " renaissance " du regard " régénéré " par la nature caribéenne qu'Aimé Césaire lui fera redécouvrir et la lecture du Cahier d'un retour au pays natal. Les effets d'image créés par l'imaginaire et l'invention poétique dans le texte de Césaire, se retrouvent comme " mis en oeuvre ", peints, transmués en couleurs, en formes syncrétiques, en contrepoints et en rythmes dans les oeuvres de Wifredo Lam qui, à rebours, donnent à lire, en un métissage formel et esthétique qui serait lui-même métaphore de l'archipel caribéen... au point que la série d'eaux fortes Annonciation achevée l'année de la mort de Lam, sera " illustrée " des poèmes d'Aimé Césaire. Dans le métissage des regards, se bâtit l'île caribéenne, autant que, par le regard, une île en appelle une autre et que, de la sorte, l'île inventée à la lisière de l'horizon en suscite une autre puis d'autres " hors champ ", pour construire et " former " une " vision " d'archipel. Mes analyses portent surtout sur Aimé Césaire, Daniel Maximin et Edouard Glissant pour ce qui concerne les écrivains et sur Wifredo Lam (surtout) et Ernest Breleur pour les peintres.