2022
Christiane Raynaud, « Fidélités du lignage et trahisons du sang ? Le règne de Jean le Bon de 1350 à 1356 dans les Grandes Chroniques de France de Charles V », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.6ntf7y
Dans toutes les circonstances où le monarque est affaibli et en cas de successions, à la trahison du sang pourrait s’opposer la fidélité des membres de la lignée dans l’incapacité de présenter une alternative (J.Duindam). À l’avènement des Valois, avec la querelle suscitée par le beau cousin d’Angleterre Édouard III puis les difficultés avec Charles II de Navarre, les fidélités multiples s’accompagnent d’une fluidité certaine. Le récit du règne de Jean II, jusqu’au désastre de Poitiers et les six images qui lui sont consacrés dans l’exemplaire réalisé pour Charles V (Paris, BnF, ms. fr 2813) des Grandes chroniques de France constitue une pierre d‘achoppement en raison du bilan de son gouvernement et de la mésentente entre le père et le fils. La fidélité affichée, magnifiée et réaffirmée, y paraît inextricablement liée à la trahison, discours visuel de légitimation sans doute reçu diversement. Pour les contemporains des événements le rappel sélectif des trahisons et leurs conséquences est un avertissement et l’affirmation qu’il n’y a pas d’autre voie que celle réformatrice construite par le roi. Pour le futur Charles VI et les lecteurs à venir, les images défendent avec habileté une souveraineté tempérée, seule à même de limiter les ambitions délétères et les trahisons des princes du sang et de susciter, au-delà de la lignée, la fidélité à la couronne de tout un peuple.