Voltaire et la réécriture ou comment représenter la scène du matricide

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2011

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Claire Lechevalier, « Voltaire et la réécriture ou comment représenter la scène du matricide », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.6os2u5


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The matricide scene in Sophocles' Electra, rewritten by Voltaire in three of his plays(Eriphyle, 1732; Semiramis, 1748; Oreste, 1750), seems to work as an archetypal scenein his dramatic production. In the 18th century as well as nowadays, it appears as the"horrifie" scene: because it deals with what is deemed most sacred, because it enactsone of the boldest transgressions, it remains emblematic of what is considered thecompulsive, archaic force of Greek tragedy. Voltaire sets himself a real challenge: toshow, on the French stage, still dominated by classical aesthetics, one of the scenes thatoffend propriety the most blatantly. The point,for the author of Oedipe, is not to shockthe audience, but to use the matricide scene in order to revive the sense of "terror" thathad been lost, in the French theatre, because of the ubiquitous "galanterie". Rewriting,time and again, the matricide scene, he tries to reform the French theatre throughthe gradual acceptance of a new theme; but beyond this, he aIso tries to put back thelimits of representation, or even to raise the question of what is not to be represented.

La scène du matricide de l'Électre de Sophocle, réécrite par Voltaire dans trois de sespièces (Ériphyle, 1732; Sémiramis, 1748 ; Oreste, 1750), semble jouer dans son oeuvrele rôle d'une scène archétypale. C'est, au XVIIIe siècle comme aujourd'hui, la scène"horrible" par excellence : en ce qu'elle touche à ce qu'il y a de plus sacré, et relèved'une des plus fortes transgressions, elle reste emblématique de ce que l'on considèrecomme la force pulsionnelle, archaïque, de la tragédie grecque. Voltaire s'attaquedonc ici à un véritable défi : représenter sur le théâtre français, encore dominé parl'esthétique classique, l'une des scènes considérées comme les plus contraires auxbienséances. Il s'agit pour l'auteur d'Œdipe non pas tant de choquer que d'utiliserla scène du matricide pour faire revivre sur le théâtre français cette "terreur" qu'il aperdue, affadi qu'il est, déplore-t-il, par l'envahissement de la galanterie. Réécrire, àplusieurs reprises, la scène du matricide, c'est tenter de réformer le théâtre françaisen faisant progressivement accepter une nouvelle ressource ; mais c'est aussi, au-delà,chercher à repousser les limites de la représentation, voire poser la question del'irreprésentable.

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