Combattre ses désirs : de la lutte contre la délectation morose dans les pratiques chrétiennes aux psychothérapies des 'perversions sexuelles' à la fin du XIXe siècle

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16 mai 2019

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Julie Mazaleigue-Labaste, « Combattre ses désirs : de la lutte contre la délectation morose dans les pratiques chrétiennes aux psychothérapies des 'perversions sexuelles' à la fin du XIXe siècle », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences, ID : 10670/1.6pqoda


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Résumé Fr

1887, le psychologue Alfred Binet propose la théorie du fétichisme comme mécanisme générateur des préférences sexuelles. Binet attire l'attention sur ce qu'il appelle la « rumination érotique des continents » : l'entretien permanent des fantasmes sans passage à l'acte, dont Jean-Jacques Rousseau, dans les Confessions, est pour lui une figure exemplaire. Binet pose sur le fantasme un regard qui n'est pas simplement celui du psychologue : cette apparente pureté du corps est au fond plus pernicieuse, car les fétichistes continents ont « l'imagination beaucoup plus troublée que les pratiquants ». Il s'agit d'une dénonciation morale sous-tendue par une conception de la chasteté de l'esprit. Or, cette rumination érotique des continents semble, à première vue, identique à la delectatio morosa inventée par les théologiens médiévaux : péché de pensée, elle consiste dans la rumination des fantasmes d'actions défendues, pourvoyeuse de plaisir. Je souhaite partir de cette comparaison, pour trois raisons : (1) Mettre en évidence les différences anthropologiques. L'analyse de la lutte contre delectatio morosa et celle de la psychothérapie des perversions sexuelles à la fin du XIXe siècle met en évidence des théories de l'esprit (et de son rapport avec le corps) et de l'action tout à fait différentes. En particulier, elle permet de montrer le fossé entre différentes conceptions du fantasme, c'est-à-dire de l'imagination désirante et des relations entre imagination et volonté. (2) En particulier, la distinction que pose Alain Ehrenberg entre les deux grandes modalités d'action sur soi visant à une transformation profonde, une conversion du sujet, à savoir l'examen de soi visant l'intelligibilité de la subjectivité d'une part, et l'exercice visant la prise d'habitude de l'autre, apparaît clairement dans cette comparaison. (3) Enfin, cela permet aussi d'esquisser la possibilité d'une histoire longue des théories et des pratiques de l'imagination désirante (le fantasme). En particulier, ce que je présente aujourd'hui

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