Les ferrures des portes romanes du Roussillon : qualité, technique et provenance. Une première approche

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Les ferrures de portes des églises romanes du Roussillon constituent un ensemble archi-tectural exceptionnel, patrimoine emblématique de la région. Malgré un vaste travail derecensement et de description de ces ensembles mené par Noël Bailbé, on ignore encorequelles techniques ont été utilisées pour la production de ces pièces remarquables. Lalittérature vante pourtant souvent les mérites de ce fer catalan et un rapprochement troprapide a été fait entre ces ferrures de tradition romane et le développement des premiersmarteaux hydrauliques. Nombre de ces portes ont toutefois été partiellement ou totalementremaniées au cours des siècles et les formes établies au XIIe siècle n’ont cessé d’être copiéesultérieurement tant et si bien qu’il est aujourd’hui difficile de qualifier l’authenticité de cesensembles. En outre, l’examen approfondi de ces pentures révèle des formes et des traditionstechniques différentes : volutes plates ou cannelées, avec ou sans soudures, volutes à crêtes,bandes avec plusieurs types de cannelures, correspondant peut-être à des ateliers, des qualitésou des chronologies distinctes. Si les conditions de production et de circulation du fer sontconnues par les archives pour les derniers siècles du Moyen Âge, elles le sont moins pourles XIIe et XIIIe siècles.L’étude archéométallurgique de ces ferrures a été entreprise dans le cadre du projetFERMAPYR qui a pour dessein d’étudier à travers les sources écrites, archéologiques etarchéométriques la production et la circulation du fer dans la partie orientale du massif desPyrénées, avant l’implantation de la forge dite à la catalane. L’ambition de cette étude estd’enrichir ces réflexions de l’analyse du métal qui compose ces ferrures en rapport étroit avecla documentation écrite, en particulier autour de la question des aciers. Les objectifs sontmultiples. Il s’agit, tout d’abord, de déterminer la nature du métal utilisé, entre fer doux etacier fortement carburé, et d’en caractériser la qualité selon des critères métallographiques.L’analyse de la composition des inclusions de scories permet également de retracer lescircuits d’approvisionnement des sites de production jusqu’au monument, en lien avec lesprospections archéologiques réalisées en parallèle dans le massif du Canigou notamment etplus généralement dans les départements des Pyrénées- Orientales et de l’Ariège.Trente-huit prélèvements infracentimétriques ont pu être réalisés sur des ferrures déjà briséeset des gonds de portes et fortifications issus des monuments de 13 communes. Le choix s’estporté sur les monuments du Conflent, du Vallespir, des Aspres et de la plaine du Roussillon,de la vallée de la Têt aux implantations d’altitude des contreforts du Canigou, en considérantdes ferrures de typologies différentes afin d’appréhender en partie la variété du corpus etde pouvoir comparer la qualité et l’origine des fers architecturaux en fonction des usages.Les analyses révèlent d’une part des différences de qualité entre les objets, mais surtoutrelient les lieux de consommation à des sources d’approvisionnement distincts en fonctionde leur localisation. Ces travaux complètent ainsi la définition des marchés et des modalitésd’échange dont les sources écrites témoignent largement à partir du début du XIVe siècle

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